Bilan complet Batumi 2019

Ultime épreuve de qualification olympique de la première période pour la « Zone Europe » (ndlr la 1ére période s’étalait du 1er novembre 2018 au 30 avril 2019), ces championnats d’Europe revêtaient une importance capitale pour la course olympique vers Tokyo. Outre le titre continental en jeu, tous les prétendants avaient une dernière opportunité d’établir la première performance (sur 4 durant la campagne olympique) afin de se positionner favorablement dans la Rank liste olympique. Les athlètes qui n’ont pas établi un total durant cette première période sont d’ores et déjà hors-jeu pour les JO de Tokyo ! Dans cette optique, c’est une équipe de France hétérogène composée de 9 haltérophiles qui se présentait face à ce nouveau défi. D’un côté, les 6 « cadres » de l’équipe dont 5 sont déjà lancés dans la campagne olympique depuis les mondiaux d’Achgabat (TKM) en novembre dernier : Anaïs MICHEL (-49 kg), Dora TCHAKOUNTE (-59 kg), Gaëlle NAYO KETCHANKE (-76 kg), Bernardin KINGUE MATAM (-67 kg) et Anthony COULLET (+109 kg), auxquels s’ajoute Manon LORENTZ (-49kg) de retour de blessure. De l’autre, une partie de la relève qui rêve des jeux olympiques à Paris en 2024 avec Brandon VAUTARD (-89 kg), Enzo MENONI (-89 kg) et Israël KAIKILEKOFE (-96 kg).

5 MEDAILLES DONT 2 EN OR POUR BERNARDIN KINGUE MATAM

LA BLESSURE DE GAELLE NAYO KETCHANKE ET QUELQUES OPPORTUNITES MANQUEES

BILAN MITIGE !

Même si la marseillaise a retenti dans la capitale économique géorgienne, le bilan reste mitigé. D’une part, parce que la cheffe de file de l’équipe de France féminine, Gaëlle NAYO KETCHANKE, a subi une lourde blessure à l’arraché et sera éloignée des plateaux pendant quelques mois et, d’autre part, parce que des opportunités de médailles et de gain de place à la Rank liste olympique n’ont pas été saisies. C’est toute la difficulté de la haute performance avec des nouvelles règles de qualification olympique plus exigeantes. Il y a des impondérables dont la blessure fait partie et qui a vraisemblablement privé la sociétaire de Clermont Sports d’un titre continental (ndlr : Darya NAUMAVA gagne avec 242 kg, soit 1 kg de moins que le total réalisé par Gaëlle aux mondiaux). Et, les sportif(ve)s doivent être prêt(e)s le jour J pour prendre tout ce qu’il y a prendre : des médailles, des points de qualification pour Tokyo… Certes, la préparation doit être optimale, mais l’engagement sur le plateau , lui, doit être total. « Qu’importe la victoire ou la défaite, l’important c’est le combat ». Cet état d’esprit de conquérant se travaille, se teste tous les jours à l’entraînement. C’est le lot quotidien de tous sportif(ve)s de haut niveau qui visent l’excellence. Les 5 médailles remportées par l’équipe de France montrent une régularité de performance avec au moins 3 médailles européennes décrochées depuis 2013, mais elle peut viser encore plus haut ! La France regorge d’haltérophiles talentueux, talentueuses qui s’expriment déjà dans le giron fédéral. Mais le talent nécessite d’être exploiter pour s’exprimer dans les rendez-vous majeurs. L’union de toutes les forces fédérales sera l’atout majeur de la réussite de l’équipe de France olympique pour Tokyo 2020 et Paris 2024.

Côté course olympique vers Tokyo, le chemin est encore long puisqu’il faudra braver 2 autres périodes et comptabiliser des points précieux pour décrocher le sésame. Bernardin KINGUE MATAM intègre le Top 6 de la Rank liste olympique en -67 kg tandis que Manon LORENTZ, Anaïs MICHEL (-49kg) et Dora TCHAKOUNTE (-59 kg) sont positionnées pour jouer la place de meilleure européenne dans leurs catégories respectives. De leur côté, Anthony COULLET (+109 kg) et Israël KAIKILEKOFE (-96 kg), la génération JO 2024, se placent en « outsiders » et pourraient bien se mêler à lutte avec les meilleurs européens pour capitaliser de l’expérience. Gaëlle NAYO KETCHANKE, quant à elle, débute sa course contre la montre pour remonter sur les plateaux internationaux avant le 30 octobre pour rester dans la course olympique. Son engagement sans faille est une force, un exemple pour la jeune génération. Elle est déjà tournée vers la prochaine étape. Nul doute qu’elle donnera tout pour concrétiser sa quête olympique.

La route est encore longue, semées d’embuches. Mais tel est le prix de l’aventure olympique avec en point de mire les prochains championnats du monde à Pattaya (THA) en septembre prochain où il faudra être prêt à aller au combat.

BERNARDIN KINGUE MATAM (VGA SAINT-MAUR/INSEP) CHAMPION D’EUROPE 2019

Grand absent de l’édition 2018, le champion d’Europe 2017 avait à cœur de frapper fort à Batumi pour monter une nouvelle fois sur le podium et conforter sa place dans le top 8 mondial de la Rank liste olympique. Ils étaient 5 pour 3 places. Le turc Daniyar ISMAYILOV, grand favori de cette finale, le géorgien Goga CHKEIKDZE devant son public qui avait battu le français aux mondiaux, l’italien Mirko ZANNI, l’allemand Simon BRANDHUBER et Bernardin ont offert l’une des compétitions les plus serrée et haletante de ces championnats. Après un arraché décevant, Bernardin pointe à la 5ème place avec 137 kg réalisé à son 1er essai (il échoue 2 fois à 141 kg). Le turc et l’allemand ont pris logiquement le large avec respectivement 147 kg et 146 kg validés. Le haut du podium semble hors de portée alors que l’italien et le géorgien sont en ballottage favorable pour la médaille de bronze avec respectivement 142 kg et 139 kg enregistrés à l’arraché. Mais voilà, Bernardin est un homme de défi et l’épaulé-jeté, c’est son « jardin ». Bien décidé à inverser la tendance, Bernardin est en position d’attente pour caler son match sur le podium. Le turc, pourtant en tête, se met à la faute en échouant 2 fois à 165 kg, et à 166 kg. C’est le tournant du match, il est éliminé. L’italien reste sur 163 kg au jeté et enregistre 305 kg au total, il faut 169 kg pour le podium. L’allemand valide 165 kg et prend le large pour le titre. Il faudra 175 kg pour l’or… Seuls le géorgien et Bernardin n’ont pas encore commencé le concours. Ils s’assurent tous deux le podium avant de se faire le match pour la médaille d’argent. Bernardin valide 169 kg pour le bronze, puis 172 kg pour l’argent (Le géorgien cale à 173 kg). Il termine en apothéose avec un magnifique jeté à 175 kg pour décrocher l’or ! Bernardin décroche son 2ème titre continental en carrière et se replace 6ème à la Rank liste olympique (1er européen).

 

3 MEDAILLES DE BRONZE POUR L’EQUIPE FEMININE

MANON LORENTZ & ANAIS MICHEL (-49 KG) MONTENT SUR PODIUM AU MOUVEMENT

Anaïs MICHEL (VGA St-Maur/INSEP) et Manon LORENTZ (SR Obernai) ratent le coche en finale des -49 kg. Les yeux tournés vers le podium des -49 kg, Manon et Anaïs étaient déterminées à faire un grand match, avec chacune, des arguments de poids dans leur mouvement de prédilection, respectivement l’arraché et l’épaulé-jeté. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. La concurrence était bien évidemment rude avec 4 athlètes pour 2 places sur le podium, le titre étant dévolue à la Roumaine Elena ANDRIES. Face aux 2 françaises, se dressaient une « arracheuse », la russe Kristina SOBOL et une « jeteuse », l’italienne Giorgia RUSSO. Anaïs réalise un excellent début de match en validant 79 kg à son 2ème essai et échouant de peu à 81 kg (faute de bras). Avec sa deuxième meilleure performance en carrière, elle décroche la médaille de bronze à l’arraché au dépend de Manon qui n’arrivera pas trouver ses repères sur le plateau. Elle reste sur sa barre de départ à 78 kg (4ème à l’arraché) après avoir essuyé 2 échecs à 81 kg qu’on qualifie d’ « erreur de jeunesse » dans le milieu averti. Côté concurrence, la logique est respectée. La Roumaine gagne l’arraché avec 87 kg, la russe réalise le sans faute avec 85 kg et l’italienne limite son retard avec 75 kg. Qu’à cela ne tienne, la force d’une haltérophile de haut niveau réside aussi dans le caractère et, l’orgueil, Manon en a à revendre. Remonter comme un avion de chasse, Manon enchaine 95 kg puis 99 kg à son 2ème essai. Elle échoue au jeté à 101 kg, pour un nouveau record (ndlr 100kg en -53 kg…). La russe de son côté termine à 95 kg, soit 180 kg au total. Il faudra 102 kg à Anaïs pour passer devant… Elle démarre à 97 kg et manque 2 fois le jeté à 100 kg. Elle totalise 176 kg. Manon décroche la médaille de bronze au jeté, sa première médaille internationale dans ce mouvement, au dépend d’Anaïs (4ème) et prend provisoirement la médaille de bronze au total avec 177 kg, en attendant le dernier essai de l’italienne à 103 kg. Avec une maitrise parfaite, Giorgia RUSSO valide son ultime essai et prive Manon du bronze au total avec 178 kg. L’or revient à la roumaine ANDRIES et la russe SOBOL est seconde. Manon et Anaïs se classent respectivement 4ème et 5ème. Côté qualification olympique, Manon se lance dans la course en marquant ses premiers points et Anaïs améliore ses points engrangés aux mondiaux. Les 2 françaises sont dans le peloton de tête pour jouer la place continentale, juste derrière la russe Kristina SOBOL, la turque Saziye ERDOGAN (médaille d’or -45 kg) et l’italienne Giorgia RUSSO. La lutte promet d’être serrée jusqu’à la fin…

 

GAELLE NAYO KETCHANKE : UN GRAIN DE SABLE MET FIN A SES REVES DE TITRE CONTINENTAL

LE BRONZE A L’ARRACHE PUIS LE COUDE LACHE…

Gaelle NAYO KETCHANKE (Clermont Sports), habituée des finales en -76 kg le savait. Le titre continental était à sa portée. Elle a pu jauger ses adversaires qu’elle a côtoyé durant une semaine à la salle d’entraînement de Batumi. Elle faisait jeu égal avec la biélorusse Darya NAUMAVA et, l’espagnol triple médaillée olympique Lidya VALENTIN était fébrile. Le combat promettait d’être âpre entre elle, sans perdre de vue la montée la dernière venue des -71 kg (ndlr catégorie non olympique), la suédoise Patricia STRENIUS. Gaëlle débute à 103 kg et s’assure déjà une place sur le podium dans ce mouvement. Après un échec à 106 kg, Gaëlle passe à 107 kg pour reprendre la tête face à ses 2 adversaires du jour. Elle l’arrache et la suite se termine dans un hôpital géorgien où elle ressortira avec le coude gauche en écharpe. Le soir même, Gaëlle était déjà ,avec le sourire qui la caractérise, prête à affronter l’épreuve qui se présente à nouveau à elle pour poursuivre sa quête olympique. L’espagnol VALENTIN subi sa première défaite depuis les JO de Rio et termine 2ème avec 241 kg au total, derrière la biélorusse NAUMAVA avec 242 kg. STRENIUS complète le podium avec 233 kg.

DORA TCHAKOUNTE SI PRET DU BRONZE A L’ARRACHE

Après sa 13ème place aux mondiaux en novembre dernier, Dora TCHAKOUNTE (VGA St-Maur/INSEP) voulait continuer à grapiller des places face à ses adversaires européennes dans la course olympique. En finale des -59 kg, si la victoire était promise à la redoutable lettonne Rebeka KOHA et la lutte pour le podium réservée aux 2 russes ALEEVA et KOZLOVA, l’armènienne YAYLYAN et la roumaine HULPAN ;  Dora avait en ligne de mire le top 6 et comptait bien se mêler à la lutte pour une médaille à l’arraché. Dora valide 90 kg puis 94 kg et échoue malheureusement à 97 kg à son 3ème essai, barre qui lui aurait permis de décrocher l’argent à l’arraché. A l’épaulé-jeté, Dora enregistre 105 kg, puis 110 kg à son 2ème essai (nouveau record personnel) avant d’échoué à 112 kg au jeté. Avec un total de 204 kg (nouveau record personnel), Dora se classe 7ème et reste en course pour la place de qualification continentale pour Tokyo. Le match est lancé face à l’arménienne Izabella YAYLYAN qui a, pour l’instant, une avance confortable. Il reste 11 mois à Dora pour inverser la tendance.

LA GENERATION 2024 POURSUIT SON APPRENTISSAGE A BATUMI

ENZO MENONI (AC ST-MARCELLIN) & BRANDON VAUTARD (LANGRES HM/INSEP) AU PLATEAU B -89 KG

Dans cette catégorie non olympique, les 2 français avaient pour objectif de conforter leur expérience internationale en validant un maximum d’essai, avec pour Brandon, la possibilité d’établir une performance référence pour le podium au jeté.

Contrat rempli pour Enzo qui réalise un sans faute à l’arraché et enregistre 155 kg dans ce mouvement (7ème à l’arraché). A l’épaulé-jeté, il reste sur sa barre de départ à 173 kg (2 échecs à 178 kg). Avec un total de 328 kg, il se classe 12ème.

Brandon, en difficulté à l’arraché, enregistre 140 kg à son 2ème essai, avant d’échouer à 145 kg (15ème à l’arraché). Dans le second mouvement, Brandon prend tous les risques pour refaire son retard et se positionner comme prétendant au podium au jeté en attendant la finale. Il débute à 192 kg (record personnel +1 kg en compétition internationale) qu’il valide avec détermination. D’après l’étude de la concurrence du plateau A (ndlr : l’albanais Krenar SHORAJ, 3ème performeur du plateau A, a fait 197 kg aux mondiaux), 197 kg est la barre confirmée par le staff. Brandon qui termine le plateau, échoue 2 fois au jeté par précipitation malgré des épaulés de grande classe. Une occasion manquée pour Brandon puisque le bronze revient à l’albanais SHORAJ à 195 kg… Il totalise 332 kg et se classe 11ème.

ISRAEL KAIKILEKOFE (AC ST-MARCELLIN/INSEP) & ANTHONY COULLET (EEAR MONTEUX/INSEP) SE PLACENT EN « OUTSIDERS » POUR TOKYO

Pour ses premiers championnats d’Europe senior, Israël (Plateau B -96 kg) ne s’est pas laissé impressionné par ses ainés. Il enregistre 153 kg, puis 158 kg à l’arraché (nouveau record personnel) avant d’échouer à 160 kg. Au jeté, il valide 191 kg à son 3ème essai (nouveau record personnel). Israël améliore ses 3 records personnels et se classe 14ème avec 349 kg au total. Avec un poids de 92 kg et une bonne marge de progression, Israël aura peut-être une opportunité à saisir dans la course olympique vers Tokyo mais il faudra très vite franchir le cap des 360 kg pour se mêler à la lutte de la place continentale. Les Jeux du Pacifiques qui se dérouleront à Apia (SAMOA) du 9 au 14 juillet prochain seront une excellente opportunité pour Israël d’affirmer ses ambitions.

De son côté, Anthony (Plateau B +109 kg), avait fort à faire pour confirmer sa performance des mondiaux. Légèrement diminué par une douleur au poignet, Anthony a du composé avec un échauffement délicat et des sensations contrariées. Malgré ses déboires, il valide 155 kg, puis 160 kg, avant d’échouer à 165 kg. A l’épaulé-jeté, le match du jour se resserre avec le jeune néerlandais Enzo KUWORGE (né en 2001), récemment médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires (ARG). Anthony est contraint de démarrer le concours « léger » avec 205 kg. Puis, il valide 212 kg avant d’échouer à 223 kg au jeté pour repasser devant son adversaire du jour. Il se classe 13ème avec un total de 372 kg. Loin de ses 386 kg réalisés au Turkménistan, Anthony recule dans la Rank liste olympique mais conserve tout de même une chance de se mêler à lutte pour la place continentale. Il faudra pour ça se rapprocher du cap des 400 kg dès les mondiaux en septembre prochain. Engagé au Test Event Tokyo 2020 les 6 et 7 juillet prochain, Anthony aura déjà une opportunité de marquer son territoire !

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